Depuis 2018, je travaille sur un ensemble de sculptures représentant différentes figures féminines de la mythologie, de l’histoire et de la littérature. Chaque sculpture fait l’objet d’une recherche littéraire approfondie qui donne du sens aux différentes étapes du processus de création. À partir de l’étude de ces personnages, je me concentre sur une partie symbolique du corps autour de laquelle s’articule le récit initial ; les mains de Dora, les cheveux de Magda, les seins de Messaline, etc.
Chaque sculpture est construite à travers d’imposants volumes architecturaux ; mur, angle et escalier sont des métaphores pour évoquer un corps féminin morcelé. Sur ces fragments se sont déposés sel, sable et coquillages comme si la mer avait laissé ses propres sédiments puis s’était retirée. Ce vocabulaire de matière fait référence au milieu marin : des profondeurs de l’océan jusqu’à son rivage. Les sculptures demandent donc à être replacées dans un temps mythologique et font appel à la mémoire de l’eau. Il s’agit d’une mémoire sèche, d’une mémoire à marée basse, puisque l’eau n’est pas présente physiquement mais incarnée par les matériaux. Au spectateur de se plonger dans les flux de sa conscience pour rejouer la scène mythologique au présent.
Mon intérêt pour la psychanalyse rejoint ici la construction de mes sculptures : l’inconscient océanique se développe à travers les couches et les strates de matières. Le livre Thalassa écrit par Sándor Ferenczi a été un texte déclencheur pour ma pratique. Ferenczi développe l’idée selon laquelle dans notre corps et notre psychisme sont conservées des traces mémorielles de nos origines océaniques.